Une petite sieste ?

Mörganna était assez fatiguée. Mais elle ne voulait pas rester à l'intérieur. Elle avait besoin de prendre l'air. Elle se dirigea alors vers le parc, songeuse. Elle pensait à toutes sortes de choses, qu'il serait inutile de citer.
Donc, elle pensait. Elle chercha un coin tranquile où elle pourrait rester seule un moment, et finalement opta pour l'ombre d'un saule pleureur. Elle s'y installa et s'allongea, se servant de son sac comme d'un repose-tête.
Elle se demandait si elle arriverait un jour à répondre à toutes les questions qu'elle se posait. Est ce qu'elle connaitrait un jour sa réelle identité ? Avait-elle une famille qui l'attendait, ou même qui la cherchait ? Peut être aurait-elle mieux fait de rester en Russie, si on la cherchait, elle aurait eu plus de chances de le savoir ... Pourquoi diable était-elle allée se fourrer au fin fond de la Laponie ?
Elle ferma les yeux, et se contenta d'écouter le chant des innombrables oiseaux qui eux, devaient avoir une vie si simple ... Meggie les enviait. Si seulement elle pouvait être normale ... si seulement elle n'était jamais allée se perdre dans le froid glacial de la Laponie, si seulement elle n'avait jamais eu ce maudit "don" ...
Epuisée, elle finit par s'endormir sans vraiment s'en rendre compte. Elle ne rêva pas tout de suite. Mais vint le moment où elle recommença à avoir ces visions bizarres ...
Une maison ... une porte ... un chemin ... un visage d'enfant ... la neige ... le blanc ... l'immensité ...

Non !

Mörganna se réveilla en sursaut. Elle avait encore eu ces flashs incompréhensibles. Elle constata qu'il ferait bientôt nuit, déjà le soleil se couchait à l'horizon. Combien de temps était-elle restée ainsi ? Elle n'en savait fichtre rien !
Elle constata qu'il n'y avait plus personne dans le parc. Elle s'assit en tailleur, histoire de se remettre de ses émotions, puis se retourna et se retrouva nez à nez avec ...

... Nul autre que le jeune Chris. En effet, il avait, depuis quelque temps, l'espoir invivable d'admirer une nature jadis si belle à ses yeux mais qui avait, malheureusement, succombé dans le désarois tumultueux de ce cher petit incomprit.

Les yeux dans le vide, il repenssait aux cris des colibris ou encore degeais immaculé de son rang de paroisse natal. Pour la toute première fois, il aurait voulu sentir la brise lui carresser l'échine et le faire frissonner de plaisir mais les remords le hantait sur son ambiguïté. Sa torpeur tourna vite à la réalité quand un silhouette se dessina dans le crépuscule glauque.

- bonjour, dit-il, presque inconsciamment.

Chris plissa des yeux pour observer la personne qui se tenait devant lui. Il avait peine à distinguer son visage ainsi que ses traits. Il attendrait que ses yeux s'aient habituer à la noirceur.

Mörganna retint un hoquet de surprise. Elle avait sursauté en voyant qu'elle n'était pas seule. A présent, elle se sentait stupide. Premièrement, parce qu'elle s'était endormie au beau milieu de l'après-midi ; deuxièmement parce qu'elle s'était reveillée le soir, au crépuscule ; troisièmement parce qu'elle avait criée "Non !" en se reveillant, ce qui n'était sûrement pas passé inaperçu ; et quatrièmement parce qu'elle avait failli encore crier une fois en voyant la silhouette de ce garçon... qu'elle avait justement du mal à voir.

* Bien sûr, puisqu'il fait nuit, eh banane ! *
* Oh toi, ça va, hein, fous moi la paix ! *

Pour toutes ces raisons, mais principalement parce qu'elle ne connaissait pas celui qui était en face d'elle et qu'elle ne pouvait pas le voir, elle se mit sur la défensive :

Qu'est ce que tu fiche là ? A ce heure ?

Meggie se rendit compte un peu trop tard qu'il était tout à fait en droit de lui poser la même question, et qu'en plus elle ne lui avait même pas rendu son salut. Tans pis. Il n'avait qu'a pas l'avoir fait sursauté comme ça.

Le jeune homme sourit devant son attitude brusque et son accent cassé. Elle devait être Russe pour avoir ce ton si prononcé.
Il arcqua un sourcil ironique tout en râlant un mot un brin tempéreux.

" Tu ne crois pas que je me sois posé exactement la même question à ton sujet? "

Il resta perplexe un instant puis enchaîna;

" Estime toi chanceuse que je me sois soucier de toi face à ton cri, peu importe ce qui t'a fait peur... Même si ma présence t'a fait réagir encore plus. "

Ses pupilles s'accoutumèrent et les traits de Mörganna apparurent dans la pénombre presque glauque de la nuit. Il eu un mouvement de recul face à ses yeux anormalement mauves.

Mörganna ne répondit rien à la première remarque du garçon, car elle savait qu'il avait tout a fait raison. Mais, orgeuileuse comme elle l'était, elle n'allait certainement pas l'avouer. Elle resta donc silencieuse jusqu'a ce qu'il dise quelque chose d'encore plus révoltant :

Je n'ai pas eu le peur.

Ce qui était assez vrai, d'un certain point de vue. Elle n'avait pas eu "peur" de ses visions, mais c'était plutôt... une "réacton logique à une situation assez éprouvante".
A présent qu'elle savait qu'il n'était qu'un élève comme les autres et qu'il n'allait pas la tuer dès la première occasion, Meggie se leva tant bien que mal, frotta sa robe pour enlever les brins d'herbes et tout le toutim qui s'y étaient accrochés et finalement, après mûre reflexion, elle décida de se montrer (presque) sympa avec ce garçon, qu'elle ne voyait toujours pas d'ailleurs :

Si on ne tient pas la compte de ce incident... je m'appelle Mörganna Slowëg...

Dit-elle en lui tendant la main, esperant qu'il n'était pas rempli de préjugés sur la réaction qu'elle avait eue.

* C'était une réaction purement défensive. *
* Ouais, j'ai vu ça !*
* C'est quoi, ce ton ironique ? *
* Je te signale au cs où tu serai -encore- devenue amnésique, que je suis malheureusement ta pensée, je n'ai pas de voix, en locurence pas de "ton" comme tu dis. *
* Ne me parle PLUS JAMAIS de mon amnésie ! *
* Oh, ça va, hein ... *

Mörganna était assez irritée par ce ring éprouvant entre Miss Conscience n°1 et Miss Conscience n°2, mais son visage resta impassible. Elle ne tenait pas à ce que cet élève la croie encore plus givrée que ce qu'elle n'était déjà.

.
Un air de défi plana pendant un instant sur le visage du garçons. Mais de toute façon, elle ne pourrait pas le remarquer puisque le parc était aussi sombre qu'une nuit sans lune. Et puis, cette Mörganna n'avait certainement pas la vision aussi dévellopé que Chris, qui avait vécu sous le voile étoilé rural où la pénombre se faisait aussi limpide que l'encre.

Il tendit la main, par politesse même si son orgueil lui suggérait des idées désinvoltes.

" Chris Byler..." dit-il d'un ton dégagé. Il roula des yeux et continua; "Mille pardons pour le désagrément que j'eu créé face à cet événement..."

Cette phrase était presque ironique mais il espéra ne pas l'offusquer encore plus.

» Une petite signature ? Siouplait ???